Marie Claude Varaillas

Projet Hercule : segmenter les diverses activités d’EDF est un non-sens

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Je me suis rendue à l’invitation du Président du Syndicat Départemental d’Energies de la Dordogne (SDE24), Philippe DUCENE pour évoquer le projet de réforme du groupe EDF nommé HERCULE.

Le SDE nous a fait part de la motion adoptée par le Conseil d’Administration de la FNCCR (Fédération Nationale des Collectivités concédantes et régies) qui compte 840 collectivités et ne cache pas ses inquiétudes quant au risque qu’il fait courir pour la qualité de la desserte électrique sur nos territoires.

Je suis pour ma part intervenue au Sénat, le 13 janvier dernier, pour dénoncer ce projet qui vise à aliéner notre souveraineté électrique pour la livrer aux marchés financiers:

Alors que nous sommes au cœur d’une crise sanitaire et économique sans précédent, que chacun s’inquiète des conséquences de la pandémie sur sa vie quotidienne, mais aussi sur notre avenir collectif, le Gouvernement se lance dans la réorganisation du secteur électrique français.

Ce projet baptisé HERCULE marque une nouvelle étape du démantèlement et de la déréglementation du secteur comme ce fut le cas pour France Telecom, GDF ou encore la SNCF. 

Pourtant le secteur et la filière électrique dans leur ensemble sont des outils stratégiques essentiels. La sécurité d’approvisionnement reste fragile et la part des énergies renouvelables est encore largement minoritaire dans la consommation énergétique des ménages et des entreprises, loin des objectifs du paquet énergie-climat (réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon de 2030 d’au moins 40 % par rapport à 1990, et de porter la part des énergies renouvelables à 32 %).

 « Livrer un monopole au privé c’est à terme voir les prix exploser pour les usagers qui deviennent des clients et des conditions de travail dégradées pour les salariés et donc pour le service. Prétendre résoudre tous les dysfonctionnements en généralisant le marché, en éclatant un peu plus le groupe, en segmentant les activités et en privatisant les énergies renouvelables et le réseau de distribution est un non-sens. »

Parallèlement, la précarité énergétique augmente dans notre pays, touchant un ménage sur cinq alors que l’électricité est un bien essentiel et l’accès à l’énergie à un prix abordable un droit que l’on doit garantir à tous les usagers, car il participe pleinement au droit au logement décent reconnu de valeur constitutionnelle.

Devant les défis économiques, financiers et techniques que devra affronter notre système électrique, qu’il s’agisse du renouveau des réseaux de distribution, de l’augmentation des énergies renouvelables dans le mix énergétique, ou des défis du nouveau nucléaire, nous ne pouvons accepter qu’EDF soit à nouveau découpée et que le système électrique soit livré un peu plus aux intérêts privés, en dehors de tout contrôle démocratique.

Retrouvez mon intervention du 13 janvier au Sénat