Marie Claude Varaillas

Naval Group :

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Le 16 septembre, le gouvernement australien a annoncé rompre unilatéralement le contrat signé en 2016, d’une valeur de 56 milliards d’euros, et pour lequel Naval Group, devait construire douze sous-marins dérivés du modèle Barracuda, au profit d’une offre américaine.

L’ampleur et la durée du contrat auraient dû permettre de mobiliser un millier de salariés. Mes collègues du groupe CRCE et moi-même, nous opposons à tout plan de réduction des effectifs au sein de naval group, car ils ne portent aucune responsabilité dans cet échec industriel et politique majeur. Nous appelons les autorités françaises à organiser sans tarder un débat au Parlement sur ces enjeux stratégiques essentiels et à affirmer leur solidarité aux salariés de Naval Group qui pourraient voir leur emploi menacé au prétexte du revers australien. 

Lors de la séance des questions au gouvernement du 29 septembre dernier, Pierre Laurent, Sénateur de Paris, a par ailleurs interpellé la ministre des armées Florence Parly sur la question des conséquences stratégiques de cette rupture de confiance de la part de nos alliés, et particulièrement de l’opportunité de maintenir notre présence dans le commandement intégré de l’OTAN. En effet, cet échec constitue un camouflet pour la France et interroge notre stratégie industrielle de défense. Paris a fait de l’exportation des armements un levier essentiel de sa stratégie commerciale, en cherchant à faire de la France le meilleur élève de l’OTAN et de la présence occidentale dans la zone indopacifique. Aujourd’hui, c’est une réorientation stratégique qui doit être mise en œuvre. Ce camouflet interroge aussi la volonté française de constituer un pôle européen fort au sein de l’OTAN, « l’Europe de la Défense », car Washington pourrait infliger les mêmes revers à cette stratégie. 

Alors que les États-Unis sont prêts à faire une surenchère de l’armement dans le pacifique, quitte à disséminer pour cela des technologies d’armement nucléaire au mépris des engagements de non-prolifération, la France et l’Europe doivent porter une autre voie stratégique que celle de l’affrontement entre la Chine et l’Occident.