Le Premier ministre Sébastien Lecornu a prononcé, mercredi, sa déclaration de politique générale devant le Sénat, reprenant pour l’essentiel son discours tenu la veille à l’Assemblée nationale.
Face à la « chambre des territoires », il a toutefois tenté d’apporter quelques précisions sur le sort réservé aux collectivités locales dans le cadre du projet de budget 2026. Mais en affirmant que « les moyens alloués aux collectivités maintiendront une trajectoire de hausse », le Premier ministre a travesti la réalité : gel de la DGF, réduction du Fonds vert, Dilico doublé, effort de 4,6 milliards d’euros imposé aux collectivités… autant de mesures inscrites dans le projet de loi de finances 2026 qui contredisent ses propos.
Parler de « confiance pour réussir la décentralisation » tout en diminuant les ressources locales relève de la pure contradiction. Sébastien Lecornu a ensuite confirmé vouloir présenter un projet de loi de décentralisation avant les municipales, tout en assumant que celle-ci s’inscrit désormais dans une logique d’économies. Les budgets des missions régaliennes (sécurité, justice, défense) continueront d’augmenter, a-t-il précisé, tandis que d’autres compétences de l’État seront transférées aux collectivités.
Ainsi, sous couvert de « proximité », il s’agit bien de faire porter sur les territoires le poids des restrictions budgétaires de l’État. Une orientation dangereuse pour la libre administration et l’autonomie financière des communes, départements et régions. Le Premier ministre a également promis aux sénateurs aucune fermeture d’hôpital en 2026 et l’ouverture de maisons France Santé, tout en poursuivant la réduction des dépenses de santé dans le PLFSS. Enfin, il a également évoqué la suspension de la réforme des retraites, mais cette mesure sera introduite par amendement au PLFSS, forçant les oppositions à choisir entre cautionner un budget injuste ou renoncer à cette suspension.
Une manœuvre politique, plus qu’un geste social. Derrière les annonces, aucun changement de cap: gel des pensions et des salaires, baisse des APL et des minima sociaux, hausse des franchises médicales, nouvel acte de décentralisation sans moyens. À n’en pas douter, les débats seront animés lors de l’examen du budget et mon groupe qui entend être constructif continuera néanmoins à s’opposer à cette politique qui tourne le dos aux aspirations populaires.