Monsieur le ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications, j’aurais pu vous envoyer ma question par la poste, mais j’aurais alors dû prendre mon mal en patience, faire le choix du timbre vert et de son délai de trois jours, désormais, ou payer une e-lettre rouge, que j’aurais dû scanner avant de l’importer sur un site internet, afin qu’un agent de La Poste l’imprime et la transporte jusque chez vous. Cet agent aurait ainsi eu accès à ma correspondance, aussi confidentielle soit-elle !
Le timbre rouge n’est plus, et vous entendez faire passer cela comme une lettre à la poste une expression que vous vouez à la désuétude. Cette mesure, effective depuis le 1er janvier, est un pas de plus vers la désagrégation du service public qui devrait pourtant garantir l’égalité et l’équité.
Il n’y a pas de plan B. Cette dématérialisation, synonyme de déshumanisation, ignore la fracture numérique qui concerne, selon l’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques, 13 millions de Français. Ceux-ci vont-ils devenir des sous-citoyens ?
En conséquence, vous lancez dans 68 communes l’expérimentation de la réduction de la fréquence du passage du facteur. Or, derrière la tournée du facteur, derrière l’accueil à un guichet, ce sont des liens humains qui se tissent, bien souvent avec les plus fragiles et les plus défavorisés.
Or, nous le savons, tout ce qui coupe les liens sociaux abîme la démocratie. Ce que nous dit de nouveau cette mesure, c’est que la machine à exclure tourne à plein régime.
Monsieur le ministre, quand allez-vous arrêter cette opération de casse du service public, qui est pourtant essentiel pour la population ? Quand le Gouvernement entendra-t-il qu’un service public n’a pas vocation à être rentable ? (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE, SER, GEST et RDSE, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)
Remise en cause du service universel de La Poste
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