Marie Claude Varaillas

La désertification médicale ne doit pas être une fatalité pour nos territoires ruraux

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Mercredi 3 mars, la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable auditionnait François Bayrou, Haut commissaire au Plan. L’occasion pour moi de rappeler les initiatives et investissements des élus locaux pour maintenir l’attractivité du territoire mais également d’interroger le Haut commissaire au plan plus particulièrement sur la désertification médicale des territoires ruraux et les propositions qu’il compte faire au Gouvernement pour y remédier :

La crise sanitaire que vous vivons depuis un an, au delà du fait qu’elle nous invite à réfléchir à relocaliser la production de nos médicaments et de notre matériel médical, télescope des difficultés de long terme que rencontrent nos territoires ruraux fragilisés par la réforme territoriale et la concurrence des métropoles. Sur le plan démographique, un solde naturel négatif qui n’est pas compensé par le solde migratoire, des effectifs scolaires en baisse, un vieillissement de la population et des services publics en berne.

Comme beaucoup d’autres départements, le mien, la Dordogne, souffre d’une désertification médicale qui nous fait craindre des difficultés croissantes d’accès aux soins. 0,8 médecins pour 1000 habitants et dont la moitié vont atteindre l’âge de la retraite. Nous savons que cette désertification médicale ne sera pas compensée avant de nombreuses années par la suppression du numérus clausus qui ne met pas fin d’ailleurs aux quotas de formation dans les universités.

” Les élus locaux (communes, EPCI, Département) seuls ou ensemble font preuve d’initiatives et d’investissements importants pour maintenir autant que faire se peut l’attractivité de ces territoires.

Du numérique, financé certes avec l’aide de l’Etat mais avec un apport important du Département et des autres collectivités, en passant par le financement d’une navette ferroviaire, la création de maisons de santé, les bourses aux étudiants, les aides financières aux étudiants en médecine, à l’agriculture, aux circuits courts, à la création de zone d’activité, l’aide au sport, à la culture etc.

Ils font preuve d’un engagement qui mérite d’être souligné tant la tâche est compliquée.”

La crise sanitaire semble réhabiliter notre ruralité et ses grands espaces puisque nous constatons l’arrivée, même si elle n’est pas massive, de néo ruraux.

Comment comptez-vous Monsieur BAYROU prendre en compte toutes ces problématiques et convaincre qu’une nouvelle politique d’aménagement du territoire équilibrée est nécessaire pour prendre en compte ces inégalités territoriales criantes sur nos territoires responsables du sentiment d’abandon ressenti par la population et qui par voie de conséquence se traduit par une augmentation importante du vote abstentionniste ou extrême.

Enfin, ne pensez-vous pas que l’Etat doit garder la main sur ce que nous nommons nos biens communs, à savoir la santé, le transport, et l’énergie a fortiori dans le contexte qui est le nôtre de lutte contre le réchauffement climatique ?

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Dans sa réponse François Bayrou, Haut-commissaire au plan ne mâche pas ses mots sur la régulation de la formation médicale et la désertification médicale qui en découle. Pour lui, “la désertification médicale est le résultat d’une politique publique criminelle qui s’est développée au travers du temps“. Quant au rôle de l’Etat défenseur des biens commun, le Haut-commissaire au plan préconise un Etat facilitateur, fédérateur de tous les acteurs y compris privés en plaçant chacun devant leurs responsabilités. Il conclut son propos par ce qui, selon lui, représente “deux fenêtres d’opportunités”: la mutation technologique de l’appareil productif et les moyens d’investissement actuellement très élevés.

Au vu de cette réponse, je souhaite que le Haut commissaire au plan chargé d’animer et de coordonner les travaux de planification et de réflexion prospective conduits pour le compte de l’Etat et d’éclairer les choix des pouvoirs publics, n’oublie pas les revendications des territoires ruraux lors de ses prochaines recommandations.